Un " activiste de la culture "...



Mon parcours
Koulsy Lamko est né en 1959 à Dadouar, au Tchad. En 1983, il quitte son pays en proie à la guerre civile. Il poursuit des études de Lettres et d’Art au Burkina Faso. Il y enseigne ensuite pendant trois ans avant de travailler à l’Institut des Peuples Noirs. En 1994, il crée Kaléido Culture, une agence d’animation culturelle de projets, basée à Ouagadougou. Il a contribué à la promotion du théâtre au Burkina et a été l’un des fondateurs du Festival international du Théâtre pour le développement. En 1998, il participe à " Rwanda, écrire par devoir de mémoire ". Suite à ce séjour, il réside au Rwanda, jusqu’en 2002, où il dirige le Centre Universitaire des Arts, et enseigne la Littérature et les arts dramatiques à l’Université nationale du Rwanda à Butaré. Parallèlement, il achève un doctorat sur " Les nouvelles esthétiques théâtrales en Afrique Noire francophone ".
Auteurs de pièces de théâtre, poèmes, nouvelles, contes, scénarios, il est aussi entrepreneur culturel, metteur en scène et comédien. Ses nouvelles et pièces de théâtre ont été plusieurs fois primées ; beaucoup sont publiées. Ses pièces ont été jouées par des compagnies théâtrales en Afrique, en Europe et au Canada. Depuis 2003, il vit et travaille dans une Université au Mexique.

Koulsy Lamko est né en 1959 à Dadouar, au Tchad. En 1983, il quitte son pays en proie à la guerre civile. Il poursuit des études de Lettres et d’Art au Burkina Faso. Il y enseigne ensuite pendant trois ans avant de travailler à l’Institut des Peuples Noirs. En 1994, il crée Kaléido Culture, une agence d’animation culturelle de projets, basée à Ouagadougou. Il a contribué à la promotion du théâtre au Burkina et a été l’un des fondateurs du Festival international du Théâtre pour le développement. En 1998, il participe à " Rwanda, écrire par devoir de mémoire ". Suite à ce séjour, il réside au Rwanda, jusqu’en 2002, où il dirige le Centre Universitaire des Arts, et enseigne la Littérature et les arts dramatiques à l’Université nationale du Rwanda à Butaré. Parallèlement, il achève un doctorat sur " Les nouvelles esthétiques théâtrales en Afrique Noire francophone ".
Auteurs de pièces de théâtre, poèmes, nouvelles, contes, scénarios, il est aussi entrepreneur culturel, metteur en scène et comédien. Ses nouvelles et pièces de théâtre ont été plusieurs fois primées ; beaucoup sont publiées. Ses pièces ont été jouées par des compagnies théâtrales en Afrique, en Europe et au Canada. Depuis 2003, il vit et travaille dans une Université au Mexique.

Mon pays : le Tchad

Koulsy Lamko est né en 1959 à Dadouar, au Tchad. En 1983, il quitte son pays en proie à la guerre civile. Il poursuit des études de Lettres et d’Art au Burkina Faso. Il y enseigne ensuite pendant trois ans avant de travailler à l’Institut des Peuples Noirs. En 1994, il crée Kaléido Culture, une agence d’animation culturelle de projets, basée à Ouagadougou. Il a contribué à la promotion du théâtre au Burkina et a été l’un des fondateurs du Festival international du Théâtre pour le développement. En 1998, il participe à " Rwanda, écrire par devoir de mémoire ". Suite à ce séjour, il réside au Rwanda, jusqu’en 2002, où il dirige le Centre Universitaire des Arts, et enseigne la Littérature et les arts dramatiques à l’Université nationale du Rwanda à Butaré. Parallèlement, il achève un doctorat sur " Les nouvelles esthétiques théâtrales en Afrique Noire francophone ".
Auteurs de pièces de théâtre, poèmes, nouvelles, contes, scénarios, il est aussi entrepreneur culturel, metteur en scène et comédien. Ses nouvelles et pièces de théâtre ont été plusieurs fois primées ; beaucoup sont publiées. Ses pièces ont été jouées par des compagnies théâtrales en Afrique, en Europe et au Canada. Depuis 2003, il vit et travaille dans une Université au Mexique.


Des initiatives qui pourraient induire des changements de comportement au Tchad ?


J’estime que cette initiative est à vulgariser un peu partout en Afrique pour la simple raison que ceux qui sont généralement à l’origine des génocides, qui sèment les graines de la discorde sont pour la plupart des intellectuels ou ceux qui s’allient aux militaires pour pouvoir drainer cette forme de pensée et ce type d’idée. C’est à l’université qu’on fabrique cette race de personnes.

Les jeunes talents tchadiens ?

Je me réjouis de ce que, malgré toutes les difficultés structurelles et sociales que les jeunes rencontrent dans ce pays, ils se battent. Ils disent leurs souffrances, leurs douleurs. Nous autres essayons de notre côté de faire de notre mieux pour les aider. Haroun Saleh vient de tourner un film avec des jeunes tchadiens. Serge également. Nocky Djédanem, quand il peut, fait venir des artistes tchadiens dont il fait la promotion à Lille en France. De temps à autre, j’ai eu le plaisir de travailler avec des comédiens tchadiens. J’ai parfois encadré des ateliers d’écriture ici à N’Djaména même. Je viens de tourner un spectacle pendant un mois et demi en Belgique, en Allemagne et en France. Parmi les acteurs, figurait Hassan Keiro. J’espère qu’il y aura d’autres occasions qui me permettront d’inviter d’autres Tchadiens au Rwanda.


Mon pays : le Tchad

Koulsy Lamko est né en 1959 à Dadouar, au Tchad. En 1983, il quitte son pays en proie à la guerre civile. Il poursuit des études de Lettres et d’Art au Burkina Faso. Il y enseigne ensuite pendant trois ans avant de travailler à l’Institut des Peuples Noirs. En 1994, il crée Kaléido Culture, une agence d’animation culturelle de projets, basée à Ouagadougou. Il a contribué à la promotion du théâtre au Burkina et a été l’un des fondateurs du Festival international du Théâtre pour le développement. En 1998, il participe à " Rwanda, écrire par devoir de mémoire ". Suite à ce séjour, il réside au Rwanda, jusqu’en 2002, où il dirige le Centre Universitaire des Arts, et enseigne la Littérature et les arts dramatiques à l’Université nationale du Rwanda à Butaré. Parallèlement, il achève un doctorat sur " Les nouvelles esthétiques théâtrales en Afrique Noire francophone ".
Auteurs de pièces de théâtre, poèmes, nouvelles, contes, scénarios, il est aussi entrepreneur culturel, metteur en scène et comédien. Ses nouvelles et pièces de théâtre ont été plusieurs fois primées ; beaucoup sont publiées. Ses pièces ont été jouées par des compagnies théâtrales en Afrique, en Europe et au Canada. Depuis 2003, il vit et travaille dans une Université au Mexique.


Des initiatives qui pourraient induire des changements de comportement au Tchad ?


J’estime que cette initiative est à vulgariser un peu partout en Afrique pour la simple raison que ceux qui sont généralement à l’origine des génocides, qui sèment les graines de la discorde sont pour la plupart des intellectuels ou ceux qui s’allient aux militaires pour pouvoir drainer cette forme de pensée et ce type d’idée. C’est à l’université qu’on fabrique cette race de personnes.

Les jeunes talents tchadiens ?

Je me réjouis de ce que, malgré toutes les difficultés structurelles et sociales que les jeunes rencontrent dans ce pays, ils se battent. Ils disent leurs souffrances, leurs douleurs. Nous autres essayons de notre côté de faire de notre mieux pour les aider. Haroun Saleh vient de tourner un film avec des jeunes tchadiens. Serge également. Nocky Djédanem, quand il peut, fait venir des artistes tchadiens dont il fait la promotion à Lille en France. De temps à autre, j’ai eu le plaisir de travailler avec des comédiens tchadiens. J’ai parfois encadré des ateliers d’écriture ici à N’Djaména même. Je viens de tourner un spectacle pendant un mois et demi en Belgique, en Allemagne et en France. Parmi les acteurs, figurait Hassan Keiro. J’espère qu’il y aura d’autres occasions qui me permettront d’inviter d’autres Tchadiens au Rwanda.

Ndo Kela ou l'initiaton avortée

Après l'assassinat du président Thomas Sankara en 1987, l'auteur tchadien, Koulsy Lamko, a souhaité lui rendre hommage en contant l'histoire du tout jeune et révolutionnaire président du Burkina Faso sous forme de parabole villageoise. Il échappait ainsi au drame documentaire pour inscrire cette œuvre dans une universalité qui nous parle encore aujourd'hui.
Quelque part en Afrique, dans un village, un groupe de jeunes s'empare du pouvoir pour mettre fin à la tyrannie et à la mystification des anciens. Cette révolution qui change la vie du peuple et lui redonne espoir prend vite l'allure d'une compétition où se mêlent tractations, conflits et trahison. Au travers du style poétique de l'auteur transparaît l'idéal fort exprimé pour son peuple.

"Bintou Wéré", l'opéra du Sahel



Malgré lui, l'opéra africain 'Bintou Wéré' se présente comme l'anti-'Roi Lion'. Aux gros effets des comédies musicales, il répond par la construction pointilleuse de l'opéra. Aux émotions bon enfant des animaux humanisés, il riposte par la rage d'humains traités comme des animaux. Aux mélodies européennes teintées d'un folklore africain du "musical" de Disney, la création menée par le Sénégalais Wasis Diop substitue des harmonies et des instruments mis au monde par les peuples du Sahel : chants wolofs, bambaras et malinkés se déclament a cappella ou se marient avec vigueur aux kamali ngoni, kora et aux percussions sabar. Le choeur des femmes chantant le deuil, les performances vocales d'Ibrahima Loucard (le Passeur) ou de Kémoko Condé dans le rôle du sage héros de l'Indépendance offrent aux oreilles des mélodies capiteuses sans jamais tomber dans le gnangnan des voix monocordes. Tous les chanteurs du casting tendent aux oreilles spectatrices des voix incandescentes comme un chocolat chaud dégusté dans un froid hivernal. Mais l'autre grande réussite de 'Bintou' est à trouver du côté du livret, chaud lui aussi, mais comme l'actualité. Avec brio, il traite de la fascination / haine de l'Afrique pour l'Europe : soit avec un humour teinté de cynisme (le destructeur passage du Paris Dakar), soit avec rage (les chants des clandestins refoulés). Par ailleurs, le librettiste Koulsy Lamko n'hésite pas à faire entrer la vulgarité grivoise dans les théâtres : l'héroïne raille avec insolence les parties intimes des soi-disant pères de son futur enfant. L'opéra est constellé d'un humour qui fait mouche, et qui allège le propos assez grave. On peut juste regretter la mise en scène un peu sage de Jean-Pierre Leurs, tout en saluant des trouvailles telles que la marche des échelles vers la frontière ou les ombres se dessinant au fond de la scène. 'Bintou Wéré' est une oeuvre à l'image de son personnage principal, (re)belle. (voir la vidéo ci-contre)

Tout bas... Si bas


Elle a treize ans et porte seule l'avenir d'une Afrique moderne et meurtrie, entre, d'une part, un père démissionnaire dont l'autorité transcendante est vidée de sa substance et qui du haut de son arbre refuse de descendre dans l'arène du réel, et, d'autre part, une vieille folle échevelée, le regard tourné vers le passé, tapie dans l'obscurité de sa baraque de bidonville, incapable d'entrevoir la lumière. Cet avenir prend la forme d'un enfant miraculeux dont la fillette invente la naissance, un bébé qu'a engendré la vieille et dont le bras porte des inscriptions magiques.
Puisqu'il n'y a pas d'horizon, puisque les habitants du bidonville restent accroupis dans l'arbre, comme dans leur baraque, cet avenir il faut l'inventer pour qu'enfin les gens se lèvent, se redressent et affrontent la vie. Il faut un mensonge, il faut les échafaudages vertigineux d'un journaliste pour que le fantasme prenne forme et se dresse comme un fantôme mystique. Il faut rêver la démocratie pour forcer sa naissance.
Seulement, la mise en scène de Paul Golub reste une lecture sans relief du texte de Koulsy Lamko, une mise en trois dimensions naturaliste, avec petit bidonville minutieusement reconstitué, pauvreté africaine grandeur nature, mais sans dépassement symbolique, sans quête ontologique, alors même que la pièce fonctionne comme une allégorie et a tous les attributs d'un mystère médiéval où le mensonge tient lieu de messie. L'Afrique a besoin de se mentir à elle-même pour s'extirper du trou, pour remonter de " tout bas... si bas ", pour s'arracher à la désillusion. Il n'y a pas d'espoir sans affabulation, et l'affabulation c'est la création de l'artiste. La pièce est l'aventure d'une métamorphose de la parole, celle d'une parole " affabulatoire " de reporter, parole profane et circonstancielle qui devient parole prophétique, parole de l'art, seule capable de donner foi en l'avenir. Or, le naturalisme de la mise en scène ramène à l'Afrique de la misère, tandis que le thème de la pièce est celui de la création et de sa nécessité.
Néanmoins Paul Golub, qui a travaillé avec le Théâtre du Volcan bleu, a su réunir une équipe internationale de qualité venue des quatre coins de l'Afrique : Bénin, Togo, Tunisie, Congo, Cameroun, Sénégal... On doit en effet rendre hommage aux acteurs, notamment le Congolais Pascal N'Zonzi qui joue le reporter et le Tunisien Mahmoud Saïd qui incarne " le père perché ". Leur force d'interprétation parvient à donner de la densité et du mystère aux situations, même si les partis pris esthétiques les désinvestissent de toute spiritualité, de tout symbolisme.
Un spectacle qui projette avec simplicité l'évidence et l'authenticité, alors même que la quête d'identité de l'Afrique moderne est au contraire dans les profondeurs obscures du gouffre de " tout bas... si bas ", où s'articule une petite voix inaudible et fantasmatique, qui rampe le long des parois, se glisse dans l'oreille et bondit en pleine lumière en un cri d'espoir, un cri de résistance, celle de l'art.

Sylvie Chalaye

Amargura negra

je n'ai pas les textes sur mon ordi !....

JÉLI KOUYATÉ
Indépendance !
Que dois-je donc dire
S’il fallait égrener ta généalogie?
Tu es née de Mère Courage
Qui a donné son sang en abondance
Sur tous les autels de la liberté!

Indépendance!
Tu es née des travaux forcés
Qui ont fait perler sur ton visage
La sueur salée des champs de coton !
Tu es fils de nos luttes,
Tu es fille de nos espérances têtues !
Aujourd’hui est à marquer d’une pierre blanche

(Annonçant les notables)
Et voici les honorables qui nous conduisent
Beaux comme l’ibis et le serpentaire
Avancez, lions et buffles, éléphants de la savane
Vous, héritiers des cents empires virils
Avancez pour rendre hommage
A cette terre de vos aïeux

(Ballet de notables richement habillés.
Gestuelle solennelle)

Qu’est-ce que je vois ?
Ceux qui ont dompté le feu ?
Ceux qui ont dompté l’eau ?
Ceux qui savent remuer
La matrice de la terre ?
Bondissez donc guerriers et chasseurs !
Sonnez le cor, et que se trémoussent
pêcheurs, cultivateurs et éleveurs !

Concert "Bir Ki Mbo"



Concert "Bir Ki Mbo"
Musique de fusion Afrique & Amérique Latine & danses de Guinée


Thomas Sankara n'est plus parmi nous depuis vingt ans déjà. Artiste musicien et poète, cet homme d'état africain, qui a présidé aux destinées du Burkina Faso reste pour moi une flamme d'espoir, un modèle de courage et d'abnégation, un compagnon avec qui l'on peut oser inventer l'avenir avec générosité pour une humanité plus responsable, solidaire et fraternelle.

Il me semble juste de le rappeler à la mémoire de tous. Le devoir de mémoire est un devoir de conscience. Ce disque n'est pas une oeuvre solitaire. Il est le fruit d'une rencontre d'artistes. Il n'a pu être possible que grâce à l'engouement, la détermination et les multiples talents de "gos" de Stéphane Scott qui en a assuré la direction musicale; la générosité de Rémi Stengel qui y a gracieusement consacré son studio et ses talents d'ingénieur du son entre autres et enfin le soutien de nombreux amis.

Le défi est ici de "créer" en s'appuyant sur des airs populaires "sara mbay" et des instruments de musique acoustiques de tous pays. Femmes et enfants opprimés, artistes, paysans, solidarité, dignité, justice, fraternité...des préoccupations de Sankara.

Tom, comme t'as dit qu'il faut oser inventer l'avenir, j'ose être écrivain mais j'aime tout aussi chanter et "persécuter la gratte"... comme toi.

Tom, des raisons de chanter pour tes 58 ans.

A écouter....

Titre1

Titre2

Une chanson....

mame non yo
tooo yéééé ila mama non yooo
mame non yo, mame non yo ki tori wa
mama non deguéé, mama non dédg ki tori wa
nodjimgue ni toline tigane
toline di tigane, ngankomgui ni toline tigane

ngar ki ra i tol déé wa
dégui awoune dangay tigane kap kap
i djane ko bo ngan gue man
dien ki kassegue oyine mburung mburung
i la mame non yo oo yééé

ngar kira i bog bé wa
yan nga bé ni boone ki logui logui nan
gnar ki ra i tog do dégui ti wa
yan kul lo degui niii sane do gou te nan
i la mame noon yooo yéééé

kon ngar i la til do bé te wa
ngan locole awoun djalam djalam
bo ka tol degui tiga mak mak
takon biga guine or mourourou
i la mame noon yoooo yéééé

o anane ayi rane ngo wa
ngo rérine ra don ne yon a on tet
yan aye rane ne dégué
loua ne ndi don na ndigue alééé
i la mame noon yoooo yéééé

Réveille-toi ô buffle des marais
Le coq du matin s'est dressé sur ses ergots
Réveille-toi et que l'on tremble au rugissement du lion
Elles se sont éclipsées, la lune et ses filles les étoiles

Et donc tu t'en vas dans le tourbillon, le long de la rivière
Ni le soleil, ni les épines ne te brûlent le pas
Marche tout droit devant toi s'ouvre le repos
Précède mon pas ; et bientôt je te suivrai

Pour t'accompagner je chante, je ne pleure pas
Ma joue est sereine, mon regard sans eau
Je ne suis vagabond que pour t'honorer
Marche tout droit, devant toi s'ouvre le repos.

Traduction

mame non yo
(je chante la mort)


Je chante la mort
Ne me demande pas pourquoi
Je pleure pour l'humanité
Demande-moi donc pourquoi !

Est-ce donc les massacres qui nous couronnent rois
Un homme croupissant dans la geôle
Une gorge tranchée au coutelas
Un nourrisson qui gigote sur le sein éventré de sa mère
Comprends-tu mon sanglot ?

Est-ce donc nos vols, nos rapines qui nous couronnent rois
Les richesses du peuple confisquées, pillées, gaspillées
Ce pied lourd sur la frêle échine courbée
La chèvre que l'on emporte et qui bêle comme son berger
Comprends-tu ma douleur ?

Est-ce donc taire la lumière qui nous couronne rois ?
Regarde ces écoliers qui déambulent sans espoir
La gibecière gorgée de famine, un chemin raide sans eau
Et la morve qui coule de la narine du vieillard poussiéreux
Comprends-tu ma peine ?

Pensons-nous vivre centenaires, couronnés de nos égoïsmes ?
Illusion ! Même la souche blanchie sous le soleil,
Croule un jour sous la dent de la termite et du temps, devient poussière
Hommes vides, avides et cupides, princes de la honte
Contre vous, le ciel gronde sa colère

i baï ki don ma dogue do gir massi
kidja ka ko ki guir logui ne a ndol bé yé la
i baï ki don i toubo ne ada ndewine
nan ki kimingue oudine woye

ndi aw ta wa name kam nel mal te bogue mane ba te
kade a osi al ho kon a osi al ho
i ndia kiringue ne lo ta ko i noy ti ne
aw ki nomte ne mamaw goïte ne

mame deni ki pa mame non yoo
mame non yo ki mamen non al
maw kaya kim raane kouli
i ndia kiringue ne lo ta ko i noy ti ne

L'afrique répond à Sarkosy

Le 26 juillet 2007 à Dakar, lors de sa première visite en Afrique subsaharienne, Nicolas Sarkozy a profondément blessé les Africains par un discours qui se voulait pourtant amical. Son adresse 'fraternelle' à la jeunesse du continent, supposée fonder la nouvelle politique africaine de la France, n'a en effet trompé personne. Elle est vite apparue comme une grossière tentative de maquiller publiquement en oeuvre de bienfaisance les crimes de ses ancêtres. Les paroles de Nicolas Sarkozy, émaillées de clichés racistes, ont été centrées sur un mythique homme africain, sur l'âme de l'Afrique ou sur la Renaissance africaine, dont il fait du reste une lecture bien suspecte. Rien sur le rôle réel de l'Europe et des institutions financières internationales dans l'appauvrissement de ce continent. Aucune allusion aux régimes 'kleptocrates' et férocement dictatoriaux, soutenus par les différents gouvernements français depuis les 'indépendances'. L'Afrique vilipendée à Dakar par Nicolas Sarkozy, c'est celle du pacte colonial, fragilisée par la Françafrique dans un monde de plus en plus organisé et cupide. Voilà ce que dénonce cet ouvrage dont les auteurs, tous de prestigieux intellectuels, viennent de différents pays africains.

La phalène des collines


Dans son dernier roman, La phalène des collines, Koulsy Lamko évoque le génocide du Rwanda sous la forme d'un conte allégorique : l'histoire est racontée par l'esprit d'une Reine qui revient hanter le monde des vivants sous la forme d'un papillon, après avoir été violée et assassinée par un prêtre pendant le génocide rwandais de 1994.
Derrière le viol de cette Reine, c'est le viol et la destruction de tout un pays qui est suggéré. En confiant les rênes de la narration à une morte dont le cadavre est exhumé dans une église, au milieu de quelques milliers d'autres corps, l'auteur teinte son récit d'une couleur étrange : il parle par la bouche des morts, il n'utilise pas la forme du récit du voyage pour décrire ce qu'il a vu, comme ont pu le faire à leur manière Véronique Tadjo ou Abdourahman Waberi, il préfère puiser dans l'imaginaire l'essence même de son histoire tout en restant fidèle à l'histoire du pays, comme il le dit lui-même dans sa préface :
"Ici commence l'ère du poète : la vocation d'une polyphonie sur des arpèges de cacophonies douloureuses.
Cependant ici, je n'ai qu'un seul droit : celui de la paraphrase de l'histoire."
Mû par cette vocation de "paraphraser" l'histoire, il promène son lecteur dans le Rwanda de l'après génocide, il lui raconte des bribes d'existence d'hommes et de femmes qui ont survécu aux massacres et qui se retrouvent autour d'un verre au Café de la muse. Nom riche en symbole que celui-ci ! Les rescapés de ce bar forment une petite communauté qui réapprend tant bien que mal les gestes du quotidien, en écoutant le "poète de la regardance" (p.122), Muyango-le crâne fêlé, soigner les âmes meurtries par le beaume de ces paroles salvatrices. Dans ce pays destructuré par le génocide, les mots semblent le seul remède pour d'exorciser le mal de ces années passées. "J'ai inventé des quenouilles de mots, parce que les mots tissent et confectionnent la vie" (p.40), dira à son tour, l'esprit de la Reine morte qui attend que les hommes se décident enfin à ensevelir son corps momifié. Les paroles de la Reine sont une logorrhée de mots et d'images parfois violentes qui ont su franchir les portes de la mort et de l'oubli pour que tous sachent ce qui s'est réellement passé ! Car il faut se souvenir pour exorciser ses fantômes et parvenir ensuite au pardon ! Tel semble être le constat de Koulsy Lamko.
"Le champ de la mémoire des morts, il faut le débroussailler, tondre les pousses mensongères pour laisser fleurir la vérité." (p.144)
Les mots affleurent dans un flot ininterrompu pour faire émerger la vérité,
ils sont à l'image de ce personnage mystérieux et allégorique, Fred R, dont l'histoire vient scander celle du papillon comme un leitmotiv. Fred R n'en finit pas de courir jusqu'au bout du Rwanda, il se bat pour que cessent les massacres et les mensonges. L'auteur dit de lui qu'il "sera l'homme-gorille du début du monde, (…) la souche centenaire de tous les bourgeons de vie". Les mots, eux-aussi, combattent le mensonge et l'indifférence. Ils sont le substat pour que refleurissent enfin les "bourgeons de vie" : "S'asseoir sur les ailes du rêve que l'on enfante et voguer, naviguer sur l'océan des aventures de la vie. Que les images de la vie en poussière façonne le rêve!" (p.154) Fred R, le papillon et la petite communauté du Café de la Muse ne font pas autre chose : chacun à leur manière, ils apaisent les esprits et font renaître l'espoir d'une vie possible !
Eloïse Brézault (pour acheter ce livre, voir la rubrique "les sites à visiter")